Chenilles processionnaires : que faire en cas de contact avec mon chien ?

Les chenilles processionnaires représentent une menace mortelle pour les chiens, particulièrement au printemps. Ces larves, reconnaissables à leur déplacement en file indienne, libèrent des poils urticants hautement toxiques lors d'un contact. La réaction peut être immédiate et violente : brûlures, œdèmes, jusqu'à la nécrose de la langue. Comment réagir en cas de contact ? Tout ce que vous devez savoir afin de faire face à cette urgence vétérinaire. 

L'essentiel

  • Un simple contact avec une chenille processionnaire peut provoquer une inflammation sévère des muqueuses nasales en quelques minutes.
  • La toxine peut provoquer un choc anaphylactique fatal en 30 minutes si le chien n'est pas pris en charge rapidement.
  • Les poils restent actifs plusieurs mois au sol, créant un véritable danger même en l'absence visible de chenilles processionnaires. 

 

Est-ce que la chenille processionnaire est dangereuse pour les chiens ?

La thaumétopoéine, toxine redoutable présente dans les poils des chenilles, déclenche une cascade de réactions dans l'organisme du chien. Cette substance provoque un choc anaphylactique en quelques minutes.

Les tissus touchés subissent une destruction rapide et irréversible. La langue, particulièrement vulnérable, risque une nécrose partielle ou totale en 24 à 48 heures sans traitement adapté. Un morceau de langue nécrosé tombe, handicapant durablement l'animal pour boire et s'alimenter.

Les yeux exposés développent des ulcères cornéens sévères. La détresse respiratoire survient lorsque les poils atteignent les voies respiratoires, menaçant directement la survie du chien.

Les périodes et zones à risque pour votre chien

La saison des chenilles du pin et du chêne

Les périodes d'activité varient selon l'espèce. Les chenilles du pin descendent des arbres entre janvier et mai, avec un pic d'activité en mars dans nos régions. Ces processions représentent une phase critique pour les promeneurs et leurs compagnons à quatre pattes.

La chenille du chêne, quant à elle, devient particulièrement active de mai à juillet. Les conditions climatiques influencent directement le cycle des chenilles processionnaires : les températures douces accélèrent leur développement et leurs déplacements.

Soyez particulièrement vigilant lors des journées ensoleillées. Un ancien nid reste dangereux plusieurs mois après son abandon, les poils urticants conservant leur pouvoir nocif. Par temps sec et venteux, ces poils peuvent se disperser sur plusieurs mètres autour des arbres infestés.

Du papillon à la procession : cycle de vie

Le Thaumetopoea pityocampa, papillon nocturne à l'origine de ce cycle, émerge durant l'été. La femelle dépose entre 150 et 300 œufs sur les aiguilles des conifères, formant un manchon gris argenté caractéristique.

Ces œufs éclosent après 30 à 45 jours, donnant naissance aux premières larves. Les jeunes chenilles traversent ensuite cinq stades de développement distincts, construisant progressivement leur nid de soie blanche pour se protéger.

La phase souterraine commence lorsque les chenilles s'enfouissent dans le sol pour leur métamorphose. Cette transformation en chrysalide peut s'étendre sur plusieurs semaines, voire plusieurs années selon l'environnement, avant l'émergence d'un nouveau papillon.

Les régions les plus touchées en Belgique

En Belgique, les chenilles processionnaires se retrouvent principalement dans les provinces d'Anvers, du Limbourg et du Brabant flamand. Les problèmes se présentent de la mi-mai (dus aux chenilles) jusqu'en septembre (à cause des nids vides pleins de poils urticants)*.

Les foyers se multiplient également dans le sud du pays. Les régions d'Arlon et d'Eupen subissent une expansion marquée depuis 2019. Des observations plus récentes signalent leur apparition dans les zones de Rochefort, Virton et Dalhem.

La propagation s'accélère particulièrement dans les espaces verts urbains et les parcs publics. Une surveillance accrue s'organise autour des écoles et des aires de jeux, où la prise en charge rapide des nids devient prioritaire pour protéger les animaux de compagnie.

 

À la faveur du réchauffement climatique les zones de répartition des chenilles processionnaires ont évolué. « L’élévation de la température dans nos contrées favorise l’extension des chenilles processionnaires », expliquait déjà en 2014 Jean-Yves Zimmer, chercheur à l’unité d’entomologie de la faculté de Gembloux (Ulg), dans un article publié sur le site lesoir.be. « Il est clair que leur aire de distribution s’étend. (...) Mais ce qui favorise surtout son extension, c’est le commerce des marchandises et des plantes qui lui permet d’atteindre des lieux auxquels elle n’a naturellement pas accès », poursuivait-il encore.

 

Comment savoir si votre chien touché ou léché une chenille ?

Les symptômes cutanés et respiratoires

Les premiers signes d'une exposition se manifestent rapidement. Une réaction inflammatoire intense apparaît sur la peau : rougeurs vives, démangeaisons sévères et gonflements localisés. Le chien se gratte frénétiquement les zones touchées.

La salivation importante du chien constitue un signal d'alarme majeur, souvent accompagnée de vomissements. Le contact avec les poils urticants provoque des brûlures sur les muqueuses et la peau.

Les troubles respiratoires surviennent quand l'animal inhale ces minuscules poils : toux sèche, halètement excessif et difficultés à respirer normalement. Dans certains cas, un œdème de Quincke peut se développer, nécessitant une prise en charge médicale immédiate.

L'irritation oculaire se traduit par des larmoiements abondants et une conjonctivite aiguë. Le chien se frotte les yeux avec insistance, risquant d'aggraver les lésions cornéennes.

Les signes d'urgence au niveau de la langue

La langue représente une zone particulièrement vulnérable lors d'une exposition aux chenilles processionnaires. Le gonflement extrême de cet organe constitue l'un des premiers signaux d'alerte : la langue peut tripler de volume en quelques heures.

Un changement de coloration caractéristique survient rapidement. D'abord rouge vif, la langue prend une teinte blanchâtre avant de virer au violet foncé, annonçant un risque de nécrose. Cette modification de couleur s'accompagne d'un durcissement progressif des tissus.

La gravité ultime se manifeste par une nécrose partielle ou totale de la langue. Dans certains cas, des portions de tissu nécrosé se détachent, créant un handicap permanent pour l'alimentation du chien. Cette urgence vitale exige une intervention vétérinaire sans délai.

Type de contact* Symptômes*
Contact avec la peau - Éruption douloureuse dans les 8h
- Sévères démangeaisons
- Réaction sur parties découvertes et autres zones
- Dispersion par sueur, grattage, frottement et vêtements
Contact avec les yeux - Conjonctivite après 1-4h
- Yeux rouges, douloureux et larmoyants
- Risque de réactions inflammatoires sévères
- Dans de rares cas, évolution vers la cécité
Contact par inhalation - Irritation des voies respiratoires
- Éternuements
- Maux de gorge
- Difficultés à déglutir
- Possibles difficultés respiratoires (bronchospasme)
Contact par ingestion - Inflammation des muqueuses buccales et intestinales
- Salivation importante
- Vomissements
- Douleurs abdominales

 

Le temps de réaction après exposition

La rapidité d'action face à une exposition aux chenilles processionnaires détermine les chances de rétablissement du chien. Les manifestations cutanées surviennent dans les minutes qui suivent le contact avec les poils urticants.

La réaction allergique s'installe progressivement : après quelques minutes apparaissent les démangeaisons, puis sous 2 heures se développent les inflammations buccales et oculaires. Les cas les plus sévères évoluent vers une détresse respiratoire dans les 3 heures.

L'intervention vétérinaire durant cette fenêtre critique maximise les chances de limiter les séquelles. Une prise en charge au-delà de 24 heures augmente considérablement le risque de complications irréversibles, notamment au niveau de la langue.

Le conseil de Santévet : gardez toujours une trousse de premiers secours dans votre voiture avec des gants, une bouteille d'eau et une serviette propre, ces simples précautions peuvent sauver la vie de votre animal qu'il faut conduire chez le vétérinaire sans attendre. 

Comment soigner votre chien : les premiers gestes vitaux à faire

Rinçage et protection des zones touchées

Munissez-vous de gants de protection avant toute manipulation de votre animal. Un rinçage abondant à l'eau froide s'impose immédiatement sur les zones affectées, sans frotter pour éviter la dispersion des poils microscopiques.

Protégez les yeux de votre chien avec une serviette humide pendant le rinçage. Une attention particulière doit être portée aux zones sensibles comme le museau et les coussinets. Gardez une bouteille d'eau lors de vos promenades : ce réflexe simple peut faire la différence en cas d'exposition accidentelle.

Transport sécurisé vers le vétérinaire

Face à une urgence liée aux chenilles processionnaires, le transport rapide et sûr de votre animal vers une clinique vétérinaire devient primordial. Une serviette propre humidifiée à l'eau froide permet de limiter la propagation des poils urticants pendant le trajet.

Voici les mesures essentielles pour un transport optimal :

  • Maintenez le calme de votre chien avec une voix douce et rassurante
  • Placez une couverture ou un drap dans votre véhicule pour protéger les sièges
  • Évitez les mouvements brusques qui pourraient aggraver l'irritation
  • Gardez les fenêtres entrouvertes pour une bonne ventilation

Contactez la clinique vétérinaire pendant le trajet pour les prévenir de votre arrivée, leur permettant ainsi de préparer le matériel nécessaire aux soins d'urgence. L'assurance vétérinaire pour chien de Santévet prend en charge et rembourse les fais vétérinaire de ce type d'urgence, aussi bien en cas de maladies que d'accidents. 

Prévention et surveillance lors des balades

Repérez les panneaux d'avertissement installés par les autorités locales signalant la présence de chenilles processionnaires. Gardez vos distances avec les forêts de pins entre février et mai, particulièrement dans les régions wallonnes où leur prolifération s'accentue.

Restez vigilant autour des parcs publics et des sentiers bordés de chênes d'avril à juillet. Les poils urticants peuvent se disperser jusqu'à 200 mètres des arbres infestés, surtout par temps sec et venteux.

Les secteurs boisés proches des écoles et des aires de jeux font l'objet d'une surveillance renforcée en Belgique.Privilégiez les chemins dégagés et surveillez la présence de nids de chenilles processionnaires en forme de cocon blanc dans les branches. Évitez les sorties matinales et en fin de journée, moments où les chenilles sont les plus actives. À noter que le danger des chenilles processionnaires s'appliquent également au chat, qui se montre toutefois plus méfiant que le chien en général.  

En conclusion, les chenilles processionnaires représentent une menace mortelle pour les chiens, nécessitant une vigilance constante des propriétaires, particulièrement au printemps et dans les zones boisées. Les symptômes d'une exposition à ces insectes urticants évoluent rapidement, rendant cruciale une prise en charge vétérinaire immédiate pour éviter des séquelles irréversibles. Face à cette menace grandissante en Belgique, la prévention reste la meilleure protection : éviter les zones à risque, protéger son animal et savoir reconnaître les signes d'urgence peuvent faire la différence entre la vie et la mort de votre compagnon à quatre pattes.

*Source : Centre Antipoisons Belge

 

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Photos : 123RF