L'essentiel
- L'expression apparaît sous sa forme actuelle au XIXe siècle dans le Mystère Frontenac de François Mauriac.
- Le chat symbolise la sagesse et le mystère dans cette expression, contrairement au chien associé aux restes sans valeur.
- La formule s'adoucit au fil du temps : on passe de "jeter" (action définitive) à "donner" (action réversible).
Que signifie l'expression « donner sa langue au chat » ?
Utilisée quotidiennement dans la langue française, cette expression symbolise l'abandon face à une énigme ou une question complexe. Le locuteur reconnaît son incapacité à trouver la réponse et demande qu'on la lui révèle.
La formule s'emploie particulièrement dans un contexte ludique, lors de devinettes ou de jeux de mots. Par exemple, quand un enfant pose la question "Qu'est-ce qui est jaune et qui attend ?", son interlocuteur finira souvent par répondre "Je donne ma langue au chat" avant d'apprendre qu'il s'agit d'un "Jonathan" (jeu de mots avec "jaune attend").
Cette locution reste aujourd'hui une manière élégante d'avouer son ignorance, tout en maintenant la curiosité pour la réponse à venir.
Quelle est l'origine de l'expression « donner sa langue au chat » ?
L'expression "Donner sa langue au chat" semblerait en fait venir de l’amalgame de plusieurs formules.
« Madame de Sévigné disait « jeter sa langue au chien » ! Et puis, sans qu’on sache vraiment pourquoi, au milieu du XIXe siècle, on est passé du chien au chat… », explique « Jean Pruvost. En 1860, on retrouve par exemple dans un roman des frères Goncourt, Charles Demailly, l’expression Donner sa langue au chat ».
Pour Rabelais, « il ne fallait surtout pas « jeter son lard aux chiens », c’est-à-dire dilapider son bien. En province, au même moment on disait déjà « abandonner sa part aux chats », c’est-à-dire là aussi ne pas être à la hauteur de la part offerte. Dans un roman de Georges Sand, La Petite Fadette, on peut dénicher l’expression « mettre quelque chose dans l’oreille du chat », en l’occurrence «oublier quelque chose ».
« Mais on n’oubliera justement pas que dans le Gard, on disait aussi « Ai manjat lango de cat », « j’ai mangé la langue du chat », pour dire qu’on n’avait pas tenu sa langue, en somme qu’on divulguait ce que le chat savait. Avouons-le, on s’y perd un peu », poursuit le lexicologue.
« Donner sa langue au chat, c’est en somme faire comme si sa langue, l’organe avec lequel on parle, n’avait plus beaucoup de valeur, puisqu’elle n’arrive pas à trouver la réponse à la question posée, on peut donc la jeter, la donner au chat, un chat qui lui justement a la réputation de savoir beaucoup de choses, peut-être parce qu’on lui a fait des confidences. Le chat, presque en sphinx, pourra seul répondre », conclut-il.
Source : canalcademie.com
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