Chien errant en Roumanie : histoire d'une adoption réussie

Mida, comme bon nombre de chiens errants, n'a pas choisi son destin. Née en Roumanie, où la dévotion de personnes défendant la cause de ces chiens tente de les sauver d'une mort certaine, elle a échappé au pire. Recueillie par l'association Mukitza, placée en famille d'accueil, elle a été adoptée par Claire. Témoignage d'un « sauvetage » en forme d'espoir.

Chien errant en Roumanie : Mida, histoire d'une adoption réussie - Dossiers - Chien
Chien errant en Roumanie : histoire d'une adoption réussie - Tous droits réservés

L'idée trottait dans la tête de Claire, déjà maîtresse d'une petite femelle Cavalier King Charles nommée Grenadine, depuis un certain temps. « J'avais très envie d'accueillir un deuxième chien au sein du foyer, mais j'avais peur de ne pas réussir à l'assumer », avoue-t-elle. « J'ai regardé pendant plusieurs mois les annonces de la SPA et le forum Rescue. »

C'est alors qu'elle tombe sur le forum de l'association Mukitza, qui soutient des refuges d'Europe de l'Est et notamment du Nord-Est de la Roumanie.

« J'ai trouvé le post de Mida. Elle m'a tout de suite plu et son histoire m'a touchée », poursuit Claire. « J'ai pris le temps d'explorer le site de Mukitza, de lire les histoires de plusieurs chiens en famille d'accueil ou adoptés. Ce qui m'a finalement décidée c'est le gabarit et le caractère de Mida tels que décrits par sa famille d'accueil : une toute petite louloute, calme et affectueuse. J'étais sûre qu'elle ne serait pas difficile à gérer. »

La décision était prise et Claire a donc franchi le pas : « Et mon coup de cœur s'est confirmé quand nous avons rencontré Mida pour la première fois », assure-t-elle.



Mida : une chienne roumaine qui revient de loin


Mida revient de loin. « Elle n'était déjà plus toute jeune quand on l'a recueillie blessée en Roumanie et marchait sur 3 pattes », se souvient Claire.

« Elle a été transférée en France dans une famille d'accueil de l'association Mukitza pour être opérée de la hanche. Elle a ensuite été opérée d'une tumeur mammaire, et on lui a ôté deux fœtus non viables qui étaient passés inaperçus. Elle était donc convalescente dans sa Famille d'accueil [FA, Ndlr] et son post n'attirait pas les foules lorsque je me suis proposée pour l'adopter. Nous l'avons d'abord rencontrée, puisqu'elle n'était pas loin de chez nous, et avons discuté avec sa FA. Nous, pour valider notre choix ; sa FA pour vérifier que nous étions de "bons" adoptants. Une fois notre décision prise, nous avons patienté jusqu'à notre déménagement, un mois après, pour la récupérer enfin. Nous avions un mois d'essai, pendant lequel sa FA l'aurait reprise sans aucun problème si jamais quelque chose se passait mal ou que nous changions d'avis pour une quelconque raison. Au bout d'un mois, nous avons finalisé les formalités afin de confirmer son adoption. »


Adopter un chien : passer outre les doutes


Décider d'adopter un animal n'est pas chose toujours facile. Claire a su passer outre les doutes : « Chaque animal arrive avec un bagage. Même un chiot a des aversions et un caractère qui lui est propre. L'Homme ne peut pas totalement modeler un animal. J'avais d'autant plus envie d'accueillir Mida que je savais qu'elle avait besoin d'être secourue.»

« Il me semble presque plus facile d'adopter un animal qui n'a rien qu'un bébé tout juste sevré. Et en parcourant le site de Mukitza, je n'ai quasiment lu que de belles histoires : des chiens emplis de gratitude, qui avaient de l'affection à revendre et qui s'adaptaient très rapidement, comme s'ils avaient toujours fait partie de leur nouvelle famille. Il faut dire qu'il est plus facile de s'habituer aux bonnes choses, encore plus lorsque l'on a connu la solitude, la faim et le froid. »



Gérer la nouvelle cohabitation


Il a fallu dans un premier temps gérer la cohabitation entre Grenadine et Mida. On sait que les Cavaliers King Charles sont des chiens d'une profonde gentillesse et sociables. Pourtant, « il se trouve que Grenadine est assez sauvage pour un Cavalier », confie sa maîtresse.

Les débuts ont été plutôt timides, « mais au bout d'un mois d'efforts mutuels, elles étaient finalement complices. Leurs caractères font qu'elles restent cependant l'une et l'autre plus proches des humains que de leurs congénères. Ca tombe bien, je serais vexée d'être mise à l'écart ! », s'amuse-t-elle.

Claire s'est forgée une certitude : « Les chiens sont des animaux sociables par nature. Par ailleurs, la présence d'un animal au foyer facilite l'intégration du nouveau, qui apprend plus facilement les codes de la famille. »


Une adaptation en douceur


A force de patience et de justesse, Claire a pu faire en sorte que la cohabitation se passe pour le mieux. « Grenadine étant très câline, elle lui a fait des bisous lorsqu'elle l'a rencontrée pour la première fois, ça l'intéressait de trouver une copine. Nous avons choisi d'accueillir Mida juste après notre déménagement, pour que Grenadine ne soit pas en territoire conquis et que chacune prenne ses marques dans la nouvelle maison. Tout s'est passé comme prévu, toute la famille a pris en même temps un nouveau rythme de vie. Mida, comme beaucoup d'autres chiens roumains, est dotée d'une faculté d'adaptation incroyable. Elle a très vite progressé pour pouvoir faire partie de notre quotidien. »

« Grenadine joue beaucoup, Mida non », explique encore Claire. « Elle aime se reposer sur le canapé et se faire câliner, ce qui nous permet de consacrer du temps à chacune. Par ailleurs, Grenadine est la seule à vouloir monter les escaliers, ce qui lui permet de venir nous trouver au saut du lit et d'avoir un moment privilégié avec nous. Au final, il n'y a pas de dominante. Chacune a ses privilèges en fonctions de ses goûts et elles respectent le temps et l'attention consacrés à l'autre. »

Bien entendu, Claire est ravie de cette adoption et fière de sa démarche. « Je parle du cas de Mida à tout ceux qui s'intéressent aux chiens et je les invite à choisir l'adoption d'un animal en refuge. La plupart des gens sont favorables à cette démarche, malheureusement plus souvent en théorie qu'en pratique. »


Chiens roumains : l'insécurité permanente


Et à certaines personnes qui sont étonnées que l'on s'intéresse à des animaux qui viennent d'aussi "loin", Claire leur rappelle « que la misère n'a pas de frontière et que contrairement aux chiens français, les chiens roumains vivent dans une insécurité permanente et des conditions très difficiles. Le froid à lui seul en tue chaque année, qu'ils soient à la rue ou en refuge. On a souvent du mal à imaginer que la réalité est aussi sombre ailleurs. »

Mida a pu aussi profiter de soins vétérinaires de pointe. « Elle a été très bien soignée à son arrivée en France. Elle a réussi à remuscler sa patte handicapée et est en pleine forme. Elle nous a aussi adoptés et s'est très bien intégrée dans son nouvel environnement. Elle est heureuse avec nous, et inversement ! », se réjouit Claire.


Toujours en contact avec la famille d'accueil


Régulièrement, elle donne des nouvelles de Mida à sa famille d'accueil. « Cette famille a plusieurs chiens en accueil et en a vu passer beaucoup déjà. Elle est bien sûr ravie de voir que Mida se plaît avec nous, et que cette adoption est réussie. C'est toujours un bonheur de constater qu'un chien qui a connu l'enfer peut enfin couler des jours heureux. » 

Plaidoyer en faveur de l'adoption des chiens errants


Avec l'expérience de Mida, Claire sait ce que le mot reconnaissance signifie de la part de ces chiens recueillis. « Un chien qui a connu la rue et/ou le refuge comprend la chance que lui donne la famille qui l'adopte. Vraiment. Tous les jours je vois de la reconnaissance dans les yeux de Mida, pour l'amour et le confort que nous lui offrons, alors que tout cela est normal pour Grenadine qui a toujours été aimée et choyée. Ces chiens ne demandent qu'à plaire à leur famille, ils ont terriblement peur de mal faire et d'être à nouveau punis par l'Homme. Ils sont donc généralement très à l'écoute de ce que nous souhaitons leur apprendre, et comprennent très vite nos désirs. »

Claire ne se voile pas pour autant la face. Il y a bien sûr certains traumatismes, reconnaît-elle. « Ils laissent des peurs que nous ne pourrons jamais expliquer… Mida a par exemple peur d'être soulevée. Mais cela nous oblige justement à être encore plus à l'écoute de l'animal. »

Pour Claire, chaque chien, quel que soit son âge, a droit à sa chance : « Les chiens âgés méritent leur chance tout autant que les jeunes. Certains sont encore très dynamiques et pleins d'enthousiasme. D'autres sont plus calmes, ce qui est un avantage pour les familles qui aiment la tranquillité. Je les trouve en général plus "raisonnables", ils connaissent la vie et se canalisent mieux que les jeunes chiens. »


« Mukitza, une association très dévouée. »


A travers son expérience, c'est l'association Mukitza que Claire souhaite aussi mettre en avant : « Une association très dévouée à la cause des poilus roumains, et des animaux en général. Leur équipe est très impliquée, et travaille sérieusement afin de s'assurer que les chiens sont placés dans de bonnes conditions et sous la responsabilité d'adoptants sensibilisés. L'une des grandes forces de Mukitza est son réseau de familles d'accueil. Les chiens qui peuvent y trouver une place sont ainsi préparés à une vie en famille, (re)socialisés si besoin auprès des humains et des autres animaux. Le futur adoptant peut aussi rencontrer le chien avant de s'engager définitivement et surtout avoir des informations sur son caractère. »

Enfin, Claire souhaite souligner sur le rôle de nombreuses personnes qui, en Roumanie, se battent pour sauver des animaux. « Elles vivent dans une horreur quotidienne, se dévouent pour tenter de faire survivre leurs protégés, bien souvent sans moyens et avec de maigres soutiens, luttent au quotidien contre la virulence des autres personnes. Elles doivent composer avec tous les chiens errants qu'elles croisent et pour lesquels elles n'ont pas de place, avec les cadavres qu'elles ramassent lors des grands froids et des massacres. Ces personnes ont énormément de mérite et j'espère qu'elles finiront par avoir gain de cause. »

« Comment vivre en paix lorsque l'on aime les animaux et que l'on sait que certaines personnes seraient prêtes à sauvagement tuer le chien ou le chat que vous aimez, juste parce que c'est un animal ? », conclut Claire.

Mais elle n'en a pas pour autant dit son dernier mot. Car elle milite également pour un autre cheval de bataille : la reconnaissance du statut juridique de l'animal. Afin que la loi ne le considère plus comme un bien meuble.

 

Mukitza : pour en savoir plus

Les chiens à adopter sont visibles sur le forum

E-mail : mukitza@gmail.com

Tél. 06 12 09 27 11 (après 17h) ou 06 60 68 10 61  (après 17h).

 

Grenadine, un Cavalier King Charles assuré chez SantéVet

Claire a choisi de prendre une assurance santé animale pour Grenadine, sa petite femelle Cavalier King Charles.

« Grenadine était mon tout premier animal de compagnie. Je suis arrivée juste après son adoption chez ma vétérinaire avec toute une liste de questions ! C'est elle qui m'a donné un coffret de présentation de SantéVet en me recommandant d'y réfléchir. J'ai souscrit sans hésitation : j'aime Grenadine, elle a de nombreuses années à vivre et je veux pouvoir lui offrir la meilleure qualité de vie possible. »

Claire nous avait contactés pour nous faire part de la condition animale des chiens en Roumanie. Nous avons souhaité développer son histoire.

 

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Photos : Grenadine/Mida/DR/CP

À propos de l'auteur

Claude Pacheteau
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