Vers du chien : de nombreux parasites, un réel danger

Les vers digestifs du chien sont des parasites de l’intestin. Ils sont classés en 2 catégories d’aspect différent : les vers ronds (ou nématodes) en forme de spaghetti, et les vers plats (ou cestodes) en forme de ruban. Quelle que soit leur forme, ces parasites représentent un danger pour la santé du chien — et parfois même pour celle de son entourage. Mieux connaître les vers digestifs, de A à Z, permet de mieux les prévenir et de les traiter efficacement, en collaboration avec votre vétérinaire.

L'essentiel :

  • Les vers du chien sont souvent des vers ronds ou plats, et ils peuvent vraiment nuire à sa santé.
  • Les signes peuvent être discrets au début : troubles digestifs, fatigue, ou parfois on voit des petits morceaux de vers dans les selles.
  • Pour savoir si votre chien a des vers, il faut souvent faire analyser ses selles chez le vétérinaire.
  • Il faut le vermifuger régulièrement : toutes les 2 à 4 semaines chez les chiots, tous les 3 mois chez les adultes.

Les vers ronds chez le chien

Consultation vétérinaire

Les principaux vers ronds rencontrés chez les chiens de compagnie sont les ascaris, les ankylostomes et les trichures.

Les ascaris (Toxocara canis, Toxascaris leonina)

Les ascaris sont des vers ronds (nématodes) très courants chez le chien. Adultes, ils mesurent généralement entre 10 et 20 centimètres de long et ont un aspect blanchâtre, semblable à celui de spaghettis fins. Ces parasites intestinaux s’installent principalement dans l’intestin grêle de l’animal, où ils se nourrissent du chyme intestinal, c’est-à-dire du contenu semi-digéré issu de l’estomac. Cette alimentation leur permet de se développer rapidement et de proliférer si rien n’est fait pour les éliminer.

Les ascaris ne touchent pas seulement les chiens : les chats peuvent eux aussi en être victimes. Leur présence est particulièrement fréquente chez les jeunes animaux. En effet, on estime que jusqu’à 67 % * des chiots et des chatons sont porteurs d’ascaris, souvent sans que leurs propriétaires ne s’en rendent compte. 

Une caractéristique inquiétante de ces parasites réside dans leur capacité à survivre longtemps dans l’organisme. Chez les chiens de plus de six mois, les larves d’ascaris peuvent migrer à travers l’organisme et s’enkyster dans divers tissus (foie, muscles, poumons, etc.). Une fois enkystées, elles entrent dans un état de dormance, parfois pendant plusieurs années. Cette stratégie leur permet de résister aux traitements antiparasitaires classiques, qui ne ciblent généralement que les vers adultes présents dans l’intestin.

Ces larves dormantes peuvent se réactiver dans certaines situations : lors d’un stress important, d’une maladie affaiblissant le système immunitaire, ou encore au cours de la gestation chez une chienne. Elles migrent alors à nouveau vers l’intestin, où elles reprennent leur développement jusqu’à devenir adultes, relançant ainsi le cycle parasitaire.

C’est pourquoi un suivi vétérinaire régulier et des vermifugations adaptées sont essentiels, notamment chez les femelles reproductrices et les jeunes animaux, pour protéger la santé du chien… et celle de son entourage.

Les trichures (Trichuris vulpis)

Les trichures (ou Trichuris vulpis) sont des vers ronds (nématodes) mesurant environ 4 cm de long. Leur morphologie particulière les rend facilement reconnaissables : leur corps est allongé et effilé à l’une de ses extrémités, formant une sorte de fouet, d'où leur nom commun. Ce « manche » plus épais contient les organes reproducteurs, tandis que l’extrémité fine s’insère dans la muqueuse intestinale pour s’y fixer.

Ces parasites sont particulièrement fréquents chez les chiens adultes, notamment ceux vivant en collectivité (chenils, refuges, pensions, élevages). 

Contrairement aux ascaris, qui colonisent l’intestin grêle, les trichures se localisent dans le gros intestin, en particulier dans le cæcum et le côlon. Leur présence n’est pas anodine, car ils causent une inflammation chronique du côlon appelée colite. Ce processus inflammatoire peut s’accompagner de lésions de la paroi intestinale, de saignements internes et de troubles digestifs persistants.

Les trichures sont également des parasites hématophages, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de sang, en s’accrochant à la muqueuse intestinale à l’aide de leur extrémité fine. Cette alimentation invasive provoque une irritation locale, une anémie légère à modérée, et parfois une perte de poids, une diarrhée avec du sang, voire un affaiblissement général de l’animal.

Leur diagnostic n’est pas toujours évident, car les œufs qu’ils pondent sont excrétés de façon intermittente. Un examen coproscopique répété peut être nécessaire pour confirmer leur présence. Le traitement repose sur des vermifuges spécifiques, et une bonne hygiène environnementale est essentielle pour limiter la contamination, car les œufs de trichures peuvent survivre longtemps dans le sol. 

À noter : certains frais vétérinaires peuvent être couverts par une assurance santé animale, n’hésitez pas à vous renseigner pour alléger vos dépenses.

Les ankylostomes (Ankylostoma caninum, Uncinaria stenocephala)

Les ankylostomes (principalement Ancylostoma caninum chez le chien) sont des vers ronds (nématodes) de petite taille, mesurant environ 1 cm de long à l’âge adulte. Leur corps, blanc à rougeâtre, peut prendre une teinte foncée en raison du sang qu’ils ingèrent. Malgré leur taille modeste, ces parasites sont particulièrement agressifs et peuvent provoquer des troubles digestifs sévères, en particulier chez les jeunes chiens ou ceux dont le système immunitaire est affaibli.

Chez le chien de compagnie vivant en milieu urbain ou bien suivi vétérinairement, les ankylostomes sont moins fréquents que d’autres parasites intestinaux comme les ascaris. En revanche, ils sont nettement plus présents chez les animaux vivant en collectivité, tels que les chiens de chasse, chiens de travail, chiens de sport, ou encore ceux vivant en chenil ou en refuge. Ces environnements favorisent la contamination croisée, car les œufs et larves d’ankylostomes peuvent survivre dans le sol et s’y développer jusqu’à devenir infectants.

Les ankylostomes se fixent dans la muqueuse de l’intestin grêle, où ils causent des lésions profondes. Comme les trichures, ce sont des parasites hématophages : ils se nourrissent directement du sang de leur hôte. À l’aide de leur bouche munie de crochets, ils mordent la paroi intestinale, provoquant des microhémorragies parfois multiples. En cas d’infestation importante, cela peut entraîner une anémie sévère, surtout chez les chiots, ainsi que des douleurs abdominales, diarrhées sanglantes, amaigrissement et une fatigue générale.

La contamination peut se faire de différentes manières :

  • Par ingestion de larves présentes dans l’environnement contaminé (sol, herbe, flaques),
  • Par pénétration cutanée : les larves sont capables de traverser la peau, notamment celle des coussinets,
  • Par voie lactée : une chienne infestée peut transmettre les ankylostomes à ses chiots par le lait.

Les vers plats chez le chien

Ténia vers

Parmi les vers plats, ou ténias, figurent les échinocoques, Taenia spp. et surtout le ténia transmis par la puce : Dipylidium caninum. Leur fréquence, leur impact sur la santé et leur cycle parasitaire sont variables.

Le Dipylidium caninum

Chez le chien, le ténia le plus courant est Dipylidium caninum. Ce ver plat peut atteindre une longueur impressionnante de 80 cm une fois adulte. Bien qu’il se loge discrètement dans l’intestin grêle, certains signes caractéristiques peuvent alerter le propriétaire.

L’un des symptômes les plus visibles est une irritation au niveau de l’anus, qui pousse souvent le chien à se frotter l’arrière-train contre le sol dans un mouvement appelé « signe du traîneau ». Ce comportement est typique des chiens infestés par le ténia, bien qu’il puisse aussi signaler un problème des glandes anales. Dans tous les cas, une consultation vétérinaire est recommandée dès l’apparition de ce geste, afin d'en identifier la cause exacte.

Un autre indice révélateur est la présence, dans les selles ou sur les poils autour de l’anus, de petits segments du ténia (appelés proglottis), chargés d’œufs. Ces fragments mobiles ont souvent l’apparence de grains de riz blancs et peuvent être visibles à l’œil nu.

La contamination se fait généralement par l’ingestion de puces infestées, ce qui explique l’importance de traiter à la fois les parasites internes et externes pour éviter toute réinfestation.

Les ténias échinocoques (Echinococcus granulosus et Echinococcus multilocularis)

Les échinocoques sont de petits vers plats segmentés (cestodes) qui parasitent l’intestin grêle des chiens, parfois des chats (Echinococcus multilocularis), ainsi que de nombreux carnivores sauvages comme les renards. Chez l’animal, l’infestation passe souvent inaperçue, mais chez l’Homme, elle peut provoquer des maladies graves.

La contamination humaine survient après une ingestion accidentelle d’œufs, souvent via des aliments souillés (fruits sauvages, légumes du potager, eau contaminée). Une fois ingérés, les larves migrent dans le corps, principalement vers le foie, où elles s’installent.

Il existe deux formes majeures de la maladie :

  • Echinococcus granulosus cause la maladie du kyste hydatique : le kyste formé grossit lentement dans le foie et peut perturber son fonctionnement. Cette forme est rare en Europe, mais fréquente dans certaines zones comme le Moyen-Orient, l’Afrique ou l’Amérique du Sud.
  • Echinococcus multilocularis est responsable de l’échinococcose alvéolaire, bien plus invasive. Les larves forment de nombreuses vésicules qui infiltrent le foie, imitant parfois une tumeur. Le traitement est difficile, nécessitant parfois une chirurgie lourde ou une greffe hépatique. Cette forme est présente en Europe, notamment dans le nord-est de la France et le Massif central.

Heureusement, les chiens et chats sont rarement les vecteurs directs pour l’Homme. La prévention repose sur une vermifugation régulière, une bonne hygiène alimentaire et la vigilance dans les zones à risque.

Le conseil de Santévet : n’oubliez pas que certains œufs de vers peuvent survivre longtemps dans l’environnement. Si votre chien a été infesté, pensez à nettoyer et désinfecter régulièrement ses lieux de repos (panier, coussins, tapis) et à laver ses jouets

Quels sont les symptômes des vers chez le chien ?

La présence de vers digestifs chez le chien est souvent silencieuse au départ, avec des signes peu visibles comme un pelage terne ou un léger manque de vitalité. Cependant, lorsque les parasites se multiplient, les symptômes deviennent plus évidents.

Les chiens infestés peuvent présenter des troubles digestifs variés : diarrhée ou constipation, vomissements, ballonnements et douleurs abdominales. Ces signes peuvent être fluctuants, avec des périodes où le chien semble aller mieux, suivies de rechutes. Sans traitement, ces symptômes persistent et s’aggravent, entraînant une perte de poids, une fatigue générale, une baisse d’envie de jouer, et un refus des promenades.

Les symptômes exacts dépendent du type de parasite et de l’intensité de l’infestation :

  • Les trichures et ankylostomes provoquent souvent une diarrhée avec du sang dans les selles, ainsi qu’une anémie due à leur mode de nutrition hématophage (ils se nourrissent de sang).
  • Une infestation massive d’ascaris peut être très grave, pouvant même entraîner la perforation de la paroi intestinale.
  • Certaines larves d’ascaris migrent vers les poumons, provoquant des signes respiratoires comme la toux.
  • La contamination par les ankylostomes, lorsqu’elle se fait par la peau (voie transcutanée), peut aussi entraîner de la fièvre et une augmentation des ganglions lymphatiques.

Enfin, les chiots sont particulièrement sensibles aux infestations de vers. Ces parasites peuvent perturber leur croissance en les privant de vitamines et minéraux essentiels, ce qui nuit à leur développement.

Comment savoir si mon chien a des vers s’il ne présente pas de symptômes ?

Il est tout à fait possible qu’un chien soit porteur de vers intestinaux sans montrer de signes évidents, surtout au début de l’infestation. Dans de nombreux cas, les vers restent asymptomatiques pendant un certain temps, notamment chez les chiens adultes en bonne santé. Cela rend le diagnostic difficile sans tests spécifiques, mais certaines méthodes permettent de détecter leur présence :

 

Méthode Description Utilité / Fiabilité
Analyse des selles (coproscopie) Examen microscopique des selles pour détecter la présence d’œufs de vers. Méthode de référence, mais parfois nécessite plusieurs prélèvements pour fiabilité.
Observation visuelle Présence de segments de ténia visibles dans les selles ou autour de l’anus (ressemblant à des grains de riz). Facile à observer, mais valable surtout pour les ténias.
Signes discrets Léger terme du pelage, fatigue, ralentissement de la croissance chez le chiot, ballonnements légers. Symptômes peu spécifiques mais utiles comme signes d’alerte précoce.
Vermifugation préventive Don de vermifuges même sans symptômes, à intervalles réguliers. Indispensable, car la prévention est plus efficace que le traitement curatif.
Antécédents à risque Chiens vivant en collectivité, en extérieur, ou pratiquant la chasse. Ces chiens doivent être surveillés et vermifugés plus fréquemment.

 

Comment se débarrasser des vers chez le chien ?

Vermifuge chien

Pour se débarrasser des vers chez le chien, la première étape consiste à administrer un vermifuge adapté, prescrit ou recommandé par un vétérinaire. Ce traitement antiparasitaire peut se présenter sous forme de comprimés, de pâte orale, de pipettes à appliquer sur la peau ou, plus rarement, d’injections. Il est essentiel de choisir un produit efficace contre les types de vers présents (ascaris, ankylostomes, trichures, ténias…), car tous les vermifuges ne couvrent pas l’ensemble des parasites. Le vétérinaire peut recommander une analyse des selles (coproscopie) pour identifier précisément les vers concernés.

Dans certains cas, un traitement unique ne suffit pas : il faut souvent le répéter 2 à 3 semaines plus tard pour éliminer les larves ou œufs restés dans l’organisme. De plus, une vermifugation régulière est indispensable pour prévenir les infestations : généralement tous les 15 jours à 1 mois chez les chiots, et tous les 3 mois chez les chiens adultes. Cette régularité s’applique aussi pour lutter contre les parasites externes comme les puces et les tiques.

Comme l’explique le Dr France Flamant, vétérinaire à Angers, dans un article paru dans La Nouvelle République, un traitement antiparasitaire à chaque changement de saison permet de garder votre chien bien protégé tout au long de l’année.

Le traitement doit s’accompagner de mesures d’hygiène rigoureuses. Il est important de ramasser rapidement les selles et traiter les puces, car certains vers (comme le ténia Dipylidium caninum) sont transmis par ces parasites externes. Pour les chiens ayant accès au jardin ou au potager, il faut également veiller à laver soigneusement les légumes et fruits avant consommation, surtout dans les régions où certains vers peuvent aussi infecter l’humain.

Même si le chien ne présente aucun symptôme, il peut être porteur de vers. C’est pourquoi il est recommandé de vermifuger régulièrement et de consulter le vétérinaire pour établir un plan de prévention adapté à son mode de vie (ville, campagne, contact avec d’autres animaux, chasse, etc.).

Les vers digestifs du chien sont nombreux, parfois silencieux, mais toujours préoccupants. Pour préserver sa santé et celle de son entourage, il est essentiel de les connaître, de les prévenir par une vermifugation régulière, et de consulter son vétérinaire au moindre doute. Vigilance, hygiène et prévention restent les meilleurs alliés.

Santévet

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Photos : Pixabay

Source

*Clinique vétérinaire les Cèdres - Recommandations - "Pour que la santé des uns ne parasite pas celle des autres"